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Le récit de l'accouchement...

Dimanche 09 décembre 2007…
L’arrivée de TENAYA !!

9h30 : Patrick et moi nous levons tard, comme chaque dimanche. Nous descendons prendre notre petit-déjeuner. Je me sens « différente »… je le dis à Patrick, sans pour autant arriver à expliquer mon ressenti… l’instinct ?... probablement. Après avoir mangé, je vais me prélasser dans un bon bain chaud, pendant plus d’une heure. Patrick m’y rejoint, nous sommes bien…
Une fois sortis, nous nous permettons un petit « délire » : écrire TENAYA sur mon ventre avec de la pâte à tartiner au chocolat !! Fou rire au rendez-vous !! Quelques photos pour immortaliser la scène… et une bonne douche car ça colle !!

14h00 : Un déjeuner léger, nous papotons… J’ai la certitude que je ne tiendrai pas jusqu’à la césarienne programmée le 19, mais là encore, je suis incapable de dire l’origine de ce pressentiment.
À la fin du repas, mes premières contractions apparaissent, douloureuses : 15h13… 15h23… 15h38… Je monte m’allonger, tout en lisant mon Harry Potter. Patrick vient s’installer devant son ordinateur. Mes contractions continuent, de manière continue, de plus en plus douloureuses. Patrick note les horaires : 17h13… 17h24… 17h29… 17h55… 18h08… Il finit par réaliser que cela fait près de trois heures que les contractions sont apparues : elles sont espacées de 5 à 15 minutes. Je réalise également, tout en pensant à un éventuel faux travail. Je décide d’appeler la maternité. La personne à qui j’explique la situation ne prend aucun risque : « Venez à la maternité ».
Nous n’avons toujours pas récupéré notre voiture depuis mon accident trois semaines auparavant. Nous sommes donc dépendants des parents de Patrick à qui nous téléphonons. Ils se mettent en route vers chez nous, trajet de 35 km. Je prépare pendant ce temps un sac avec quelques affaires : au cas où ce serait un faux travail, je resterai alors chez mes beaux-parents, puisqu’ils habitent à quelques minutes de l’hôpital.

Mes beaux-parents arrivent. Je vais prévenir notre voisine puis nous nous mettons en route. Le trajet dure une bonne demi-heure, j’ai un peu de répit côté douleur…
Arrivés aux urgences de la maternité, je tiens à peine debout au moment des contractions : la douleur me prend dans tout le bas-ventre et dans les reins.
Rapidement, la sage-femme de garde pose le monitoring. Mon col est alors ouvert à 2. Après une heure de monito, les contractions sont espacées de 1 à 4 minutes environ. Je souffre beaucoup devant Patrick qui est bien impuissant, je lui écrase la main à chaque vague douloureuse ! À la fin du monito, la sage-femme regarde à nouveau mon col : il est ouvert à 3. Elle part prévenir le gynécologue de garde et revient m’annoncer « C’est pour ce soir, venez avec moi, on va vous préparer pour le bloc. » Je n’arrive pas encore à réaliser que je vis mes derniers instants de femme enceinte…

Patrick va prévenir ses parents qui attendent dans la salle d’attente, leur disant qu’ils peuvent rentrer chez eux, il les tiendra au courant.

Je suis emmenée dans une salle de travail, on me fait une prise de sang. Je me déshabille totalement, on me rase le pubis puis c’est l’attente… Les contractions sont de plus en plus douloureuses… Vers 21h45, on m’emmène enfin au bloc. Il y fait un froid horrible, je tremble comme une feuille… mélange du froid et d’une angoisse que je n’ai jamais connue… Tellement peur que quelque chose n’aille pas… L’anesthésiste vient me poser la rachis-anesthésie… Il me demande de courber le dos, mais je n’y arrive pas, tellement je tremble et surtout, je souffre de mes contractions ! Finalement, il parvient à me faire « plier » et la piqûre est faite… En quelques secondes, je sens tout le bas de mon corps devenir totalement insensible, enfin, je ne souffre plus ! Un drap chaud est posé sur moi, je me détends enfin… La gynéco m’explique ce qui va alors se passer : une ouverture horizontale pour sortir Tenaya, cela prendra quelques minutes… Oui, mais c’était sans compter sur un souci : à l’ouverture de l’utérus, j’entends la gynéco dire à ses collègues : « on a un problème, je n’arrive pas à la sortir, elle est coincée… ». Je me mets à pleurer : que m’arrive-t-il ?? Comment va Tenaya ?? L’infirmier resté près de moi m’explique alors que Tenaya va très bien, mais que sa tête est coincée. Il faut faire une autre incision de l’utérus, en hauteur cette fois-ci. La gynéco me prévient alors que mon utérus sera de fait devenu très fragile et qu’il faudra faire très attention pour une prochaine grossesse qui se terminera obligatoirement par une césarienne. Je lui réponds que de toute façon, il n’y aura pas d’autre grossesse !!
La deuxième incision effectuée, Tenaya est toujours coincée, ils sont obligés d’utiliser les spatules pour attraper sa tête… La gynéco continue de m’expliquer. Mon utérus a une malformation assez rare qui expliquerait que Tenaya était en siège décomplété : un cloisonnement qui coupe l’utérus en deux… Mais tout cela serait à confirmer par une radio de l’utérus (hystérographie).
Je sens lorsque Tenaya est « sortie » de moi, mais je ne l’entends pas pleurer… Puis, au bout de quelques secondes, de petits pleurs… Je regarde l’infirmier et lui pose bêtement la question : « C’est ma fille ? ». Il me répond avec humour : « Oui, car la sage-femme, il y a longtemps qu’elle ne pleure plus comme ça !! ». Il me fait rire, mais je demande à la voir, j’en ai tellement besoin !! On me donne Tenaya pour quelques secondes… Elle est sublime, je pleure de toute cette souffrance pour enfin l’avoir dans mes bras… Je pense à Séléna, je la remercie d’avoir veillé sur sa petite sœur pendant cette grossesse… Déjà, on me reprend ma petite fée, il faut aller la « préparer », mais je suis heureuse car son Papa va désormais la voir !!
Après avoir été recousue, on m’emmène dans une salle de travail, pour me laisser me reposer… Quelques minutes après, Tenaya et Patrick sont à mes côtés ! Notre Puce est dans une couveuse, son petit corps de 2,630 kilos et 45,5 cm a du mal à réguler sa température. Qu’elle est belle… Je pleure encore mais je pleure de bonheur… ça faisait si longtemps que je n’avais pas pleuré réellement de bonheur… de soulagement aussi…
Je vois Patrick heureux, enfin ! Il prend des photos et attend que la sage-femme vienne lui apporter le biberon pour Tenaya. Notre petite coquine va déjà faire parler d’elle : elle avale, en toute inconscience de ses parents, 60 ml de lait en un temps record !! Lorsque la sage-femme revient, elle n’est pas très contente !!! C’est beaucoup trop, elle risque d’être malade !! Trop tard de toute façon, nous espérons que Tenaya saura digérer tout ce lait… Ce qui sera heureusement le cas !

On me remonte dans ma chambre vers 00h30. Je suis exténuée… Patrick également. Tenaya est mise en pouponnière. Patrick rentre à la maison… Je m’endors d’un sommeil agité… je rêve de cette nouvelle vie qui commence pour nous…

 

Tenaya a, au jour où je termine ce récit, 11 jours… Déjà 11 jours, cela peut paraître court et long à la fois !! Elle nous comble d’un bonheur sans limite ! Elle a su apaiser nos cœurs meurtris par la perte de Séléna il y a 3 ans… Elle ne remplace pas sa grande sœur qui a sa place dans notre famille, dans notre histoire.

Séléna, Tenaya, Papa et moi vous aimons au-delà de tout… Nous sommes fiers d’être vos parents !

 


 

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